Ces résultats ont été interprétés par des Kurdes comme un “oui” à l’autonomie démocratique et au processus de paix, lancé en mars 2013 à l’initiative du leader kurde Abdullah Ocalan, emprisonné sur l’Ile d’Imrali depuis 1999.
ONZE PROVINCES SUR 22
Le co-président du parti pour la paix et la démocratie (BDP), Selahattin Demirtas, a déclaré que son parti a présenté des candidats dans 22 provinces et a réussi à faire reculer le parti au pouvoir dans la région kurde. “Nous avons atteint 85 % de notre objectif” a-t-il dit, toute en affirmant qu’il espérait plus de succès dans l’ouest de la Turquie. “Mais le soutien des médias n’a jamais été de notre coté. Nous avons été victimes de décimation claire” a-t-il ajouté.
Le BDP est arrivé en tête dans au moins onze provinces, 68 districts et 23 communes, contre 98 mairies en 2009 et 38 en 1999. Le parti kurdes avait remporté en 2009 huit provinces, 50 districts et 40 communes. De nombreuses communes ont rejoints les districts après la création en 2012 de 13 nouvelles municipalités métropolitaines par la modification de loi.
Le BDP a notamment ajouté dans ses mairies les provinces de Mardin, Agri et Bitlis. Les huit autres provinces sont Diyarbakir, Van, Hakkari, Şırnak, Siirt, Batman, Dersim et Igdir.
Akdeniz reste la seule ville remportée par le BDP dans l’ouest de la Turquie. Elle est située dans la province de Mersin et comte plus de 284.000 habitants.
FRAUDES
Des cas de fraude massive ont été signalés dans plusieurs villes comme Bingol, Ahlat et Ceylanpinar, en faveur du parti d’Erdogan. Des milliers de votes pour BDP ont été trouvés brulés à Ceylanpinar, dans la province d’Urfa.
Dans l’ouest de la Turquie, le BDP a participé aux élections sous le toit du parti de la démocratie des peuples (HDP), une nouvelle dynamique qui se propose comme alternative. L’alliance BDP/HDP a recueilli 6,36% des voix, contre 5,21% en 2009 et 3,37% en 1999.
SEPT PARTIS KURDES FERMES
Le succès du parti kurde vient malgré la répression et les campagnes électorales injustes pendant trois décennies. Depuis le premier parti kurde créé en 1990, sept partis kurdes de cette tradition ont été fermés en 24 ans par la justice turque. Le BDP avait pris la relève en 2009, après la fermeture de DTP.
AVEC LE BDP, C’EST LA FEMME ET L’AUTONOMIE QUI GAGNENT
Lors de la campagne électorale, le parti kurde a promis une autonomie démocratique, en bâtissant ensemble un “système d’auto-gouvernance”, réduisant le rôle de l’Etat central. Il s’agit d’un système alternatif au concept de l’Etat-nation, proposé pour toute la Turquie.
Le projet le plus important mis en œuvre par le BDP et le HDP est le concept de « co-maire », considéré comme une révolution, soit une égalité qui n’a plus besoin de quota pour les femmes. Désormais, chaque mairie BDP sera dirigé par une femme et un homme et le salaire du maire sera partagé entre les co-maires.
ERDOGAN EST VAINQUEUR
Malgré les scandales de corruption et ses dérives autoritaires, l’AKP remporte huitième élections depuis son arrivée au pouvoir en 2002, avec 45% des suffrages. Le parti kémaliste CHP a réalisé 28 % à l’échelle nationale. Ce parti est accusé de faire alliance avec l’ancien allié d’Erdogan, la confrérie de Fethullah Gulen. Les résultats s’imposent comme une grande défaite pour cette “alliance”. De son côté, le parti ultra-nationaliste et anti-Kurde MHP stagne à 15 %.
L’AKP est arrivé en tête dans 48 provinces, tandis que le CHP a remporté 13 provinces. Les huit autres provinces ont été gagnées par le MHP.
L’ANTI-AKPisme EST RESONSABLE DU SUCCES D’ERDOGAN
Pour le spécialiste Erdem Yörük, ce sont les pauvres qui déterminent les résultats des élections. L’AKP et le BDP ont apporté des changements matériels chez les pauvres, analyse-t-il, toute en affirmant que le projet de l’autonomie démocratique a étendu son influence et renforcé sa validité.
Le co-président du BDP a déclaré que c’est le front anti-AKP qui est responsable du succès du parti d’Erdogan, faisant référence au parti kémaliste CHP, les nationalistes et la confrérie de Fethullah Gulen. “Ce front ne donne aucun espoir à la population et ne propose aucun projet à part l’anti-AKPisme” a souligné M. Demirtas. Il a affirmé que les résultats des éléctions ne permettront pas à Erdogan d’être blanchi de soupçons de corruption.
LE PKK SALUT L’ALLIANCE BDP-HDP
L’Union des Communautés du Kurdistan (KCK), système politique du PKK, a salué le succès électoral du BDP. “Aujourd’hui, les conditions d’une véritable opposition populaire existent en Turquie. Il est désormais claire que le CHP qui n’abandonne pas la mentalité nationaliste et négationniste ne sera en aucun cas une opposition en Turquie. La ligne du BDP- HDP est devenue la veritable opposition révolutionnaire” a-t-elle dit dans un communiqué.
La KCK a déclaré que la crise actuelle en Turquie ne peut être surmonté qu’avec le renforcement de l’alliance entre les forces démocratiques réunissant autour du BDP et de l’HDP.
Maxime Azadi
Publié par ActuKurde
Ces résultats ont été interprétés par des Kurdes comme un “oui” à l’autonomie démocratique et au processus de paix, lancé en mars 2013 à l’initiative du leader kurde Abdullah Ocalan, emprisonné sur l’Ile d’Imrali depuis 1999.
ONZE PROVINCES SUR 22
Le co-président du parti pour la paix et la démocratie (BDP), Selahattin Demirtas, a déclaré que son parti a présenté des candidats dans 22 provinces et a réussi à faire reculer le parti au pouvoir dans la région kurde. “Nous avons atteint 85 % de notre objectif” a-t-il dit, toute en affirmant qu’il espérait plus de succès dans l’ouest de la Turquie. “Mais le soutien des médias n’a jamais été de notre coté. Nous avons été victimes de décimation claire” a-t-il ajouté.
Le BDP est arrivé en tête dans au moins onze provinces, 68 districts et 23 communes, contre 98 mairies en 2009 et 38 en 1999. Le parti kurdes avait remporté en 2009 huit provinces, 50 districts et 40 communes. De nombreuses communes ont rejoints les districts après la création en 2012 de 13 nouvelles municipalités métropolitaines par la modification de loi.
Le BDP a notamment ajouté dans ses mairies les provinces de Mardin, Agri et Bitlis. Les huit autres provinces sont Diyarbakir, Van, Hakkari, Şırnak, Siirt, Batman, Dersim et Igdir.
Akdeniz reste la seule ville remportée par le BDP dans l’ouest de la Turquie. Elle est située dans la province de Mersin et comte plus de 284.000 habitants.
FRAUDES
Des cas de fraude massive ont été signalés dans plusieurs villes comme Bingol, Ahlat et Ceylanpinar, en faveur du parti d’Erdogan. Des milliers de votes pour BDP ont été trouvés brulés à Ceylanpinar, dans la province d’Urfa.
Dans l’ouest de la Turquie, le BDP a participé aux élections sous le toit du parti de la démocratie des peuples (HDP), une nouvelle dynamique qui se propose comme alternative. L’alliance BDP/HDP a recueilli 6,36% des voix, contre 5,21% en 2009 et 3,37% en 1999.
SEPT PARTIS KURDES FERMES
Le succès du parti kurde vient malgré la répression et les campagnes électorales injustes pendant trois décennies. Depuis le premier parti kurde créé en 1990, sept partis kurdes de cette tradition ont été fermés en 24 ans par la justice turque. Le BDP avait pris la relève en 2009, après la fermeture de DTP.
AVEC LE BDP, C’EST LA FEMME ET L’AUTONOMIE QUI GAGNENT
Lors de la campagne électorale, le parti kurde a promis une autonomie démocratique, en bâtissant ensemble un “système d’auto-gouvernance”, réduisant le rôle de l’Etat central. Il s’agit d’un système alternatif au concept de l’Etat-nation, proposé pour toute la Turquie.
Le projet le plus important mis en œuvre par le BDP et le HDP est le concept de « co-maire », considéré comme une révolution, soit une égalité qui n’a plus besoin de quota pour les femmes. Désormais, chaque mairie BDP sera dirigé par une femme et un homme et le salaire du maire sera partagé entre les co-maires.
ERDOGAN EST VAINQUEUR
Malgré les scandales de corruption et ses dérives autoritaires, l’AKP remporte huitième élections depuis son arrivée au pouvoir en 2002, avec 45% des suffrages. Le parti kémaliste CHP a réalisé 28 % à l’échelle nationale. Ce parti est accusé de faire alliance avec l’ancien allié d’Erdogan, la confrérie de Fethullah Gulen. Les résultats s’imposent comme une grande défaite pour cette “alliance”. De son côté, le parti ultra-nationaliste et anti-Kurde MHP stagne à 15 %.
L’AKP est arrivé en tête dans 48 provinces, tandis que le CHP a remporté 13 provinces. Les huit autres provinces ont été gagnées par le MHP.
L’ANTI-AKPisme EST RESONSABLE DU SUCCES D’ERDOGAN
Pour le spécialiste Erdem Yörük, ce sont les pauvres qui déterminent les résultats des élections. L’AKP et le BDP ont apporté des changements matériels chez les pauvres, analyse-t-il, toute en affirmant que le projet de l’autonomie démocratique a étendu son influence et renforcé sa validité.
Le co-président du BDP a déclaré que c’est le front anti-AKP qui est responsable du succès du parti d’Erdogan, faisant référence au parti kémaliste CHP, les nationalistes et la confrérie de Fethullah Gulen. “Ce front ne donne aucun espoir à la population et ne propose aucun projet à part l’anti-AKPisme” a souligné M. Demirtas. Il a affirmé que les résultats des éléctions ne permettront pas à Erdogan d’être blanchi de soupçons de corruption.
LE PKK SALUT L’ALLIANCE BDP-HDP
L’Union des Communautés du Kurdistan (KCK), système politique du PKK, a salué le succès électoral du BDP. “Aujourd’hui, les conditions d’une véritable opposition populaire existent en Turquie. Il est désormais claire que le CHP qui n’abandonne pas la mentalité nationaliste et négationniste ne sera en aucun cas une opposition en Turquie. La ligne du BDP- HDP est devenue la veritable opposition révolutionnaire” a-t-elle dit dans un communiqué.
La KCK a déclaré que la crise actuelle en Turquie ne peut être surmonté qu’avec le renforcement de l’alliance entre les forces démocratiques réunissant autour du BDP et de l’HDP.
Maxime Azadi
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